Un bruit sourd. Un craquement d'os. Suivi d'un petit cri étouffé:
- Noon ! Monseigneur... Je vous en prie... Je vous ai conduit jusqu'içi ! Vous aviez promis de m'épargner !
L'homme rampa sur le pont cherchant un endroit où se cacher. Mais il était trop tard. Bien trop tard.
Sortant de l'ombre une silhouette se dessina sur le pont. De haute stature, élancée, on ne devinait rien des traits de cette créature. Celle ci masquait la clarté de la lune. Tout juste pouvait on deviner à sa tenue qu'il s'agissait d'un être masculin. Avec l'agilité et la rapidité d'un félin la silhouette presque fantomatique s'élança vers le malheureux et d'une seule main l'extirpa de sa cachette. D'un geste brusque il l'envoya contre le bastingage. Puis s'approchant de sa proie il la saisit à nouveau par le col et amenant la face bouffie du matelot à sa hauteur prononca ces quelques mots d'une voix étonemment douce, limite douceureuse :
- Et vous m'avez cru... Imbécile ! Jamais je n'épargnerais le moindre être humain ! Vous avez anéanti mon peuple ! Et c'est à cause de votre pitoyable engeance que j'ai perdu tout et tous ceux qui m'étaient si chers ! Voyez ce que je suis devenu !
Faisant volte face à la lune le pauvre bougre vit pour la première et dernière fois de son existance le visage de son bourreau. Des traits si fins et délicats. S'il n'y avait eu ces yeux à la fois si beaux et si effrayants on eut pu aisément croire avoir à faire à un elfe. Mais lorsque la créature sourit aucun doute ne subsista. De longues canines acérées se rapprochèrent de la gorge de l'humain et violemment s'enfoncèrent dans sa peau. La dernière image que l'homme vit avant de trépasser fut celle de son meurtrier le sourire aux lèvres, les lèvres encores humides de son sang rubicond.
Délaissant le cadavre de cette vermine, le vampire reporta son regard sur la rive. Bientôt. Très bientôt il rejoindrait cet archipel. Et alors... Alors enfin il pourrait accomplir sa nouvelle destinée.
Taliesin, un sourire narquois aux lèvres, partit d'un grand éclat de rire.