Combattre l'ennui... Recherche compagnie.

Contrairement à ce qu'on aurait pu penser, le démon ne perdit pas patience face au sorcier. Au contraire, son sourire se fit moqueur et un brin condescendant. Ce pauvre vieux était si sur de sa puissance, de sa sagesse? Pourtant, il avait devant lui un être qui avait vécu trois fois plus longtemps, et il se permettait le mépris. A moins qu'il ne soit l'un de ces snob qui préfèrent se travestir, pour mieux tromper leur monde... Bah, dans ce cas, ce n'était qu'un gamin de plus. Tranquillement, le démon fixa dans les yeux Eowendacan, son irritant sourire moqueur semblant s'élargir de plus en plus.

Très bien, il préférait s'enfuir. Libre à lui... Mais là, on se demandait lequel des deux était le plus mature... Le halo autour du démon disparu, et ses mains se reposèrent paisiblement sur le pommeau argenté de la canne, tandis que le soleil montait dans le ciel clair. Un magnifique journée s'annonçait... Heureusement que James était désormais un démon, sinon il aurait eu du soucis à se faire...

"Eh bien, maintenant que cet ininterressant personnage à enfin compris qu'il était de trop, si nous parlions sérieusement, Darling?"

La tempête de sable tomba complétement, et le démon souriait paisiblement, comme s'il était redevenu un simple dandy anglais.

Madalenna sourit et inclina sa jolie tête sur le côté d'adorable façon.
Nébu revint se percher sur son épaule, lissant soigneusement ses plumes pleines de sable.

-Mais je vous en prie, milord.

Il était autrement plus inquiétant, à présent qu'il avait retrouvé son apparence d'aimable dandy. Elle le savait capable de tout derrière son apparence impeccable, mais la curiosité et surtout le goût du danger étaient les plus fortes.

James épousta son haut de forme, ensablé, le reposa sur sa tête sans déranger le lissé de ses cheveux et regarda Madalenna en souriant toujours. La présence du vieux rasoir lui avait sérieusement porté sur les nerfs, et désormais il respirait beaucoups mieux, sourtout qu'il avait entendu l'insulte marmonnée de la sorcière. Il esquissa un léger signe de la main, et un vent tiède ébourriffa le corbeau, de manière plus espiègle que méchante. Il est dans la nature des démon de faire le mal, mais ils peuvent se permettre des acalmies de temps en temps...

Apparement indifférent, le démon glissa la main droite dans sa poche, envant d'en resortir un pleine poignée de sable, entré là a cause du vent et devenue noir à cause de son coup de colère. Il murmura tandis que son sourire devenait carnassier:

"On dirait que ce vieux facheux m'a touché plus que de raison..."

James laissa le sable tomber au sol et reprit si de rien n'était la conversation entamée avec Madalenna:

"Je vous repose donc ma question... Que fait vous dans ce lieu, ou plutôt, pourquoi être venue? Ce n'est sans doute pas pour rencontrer de vieux râleurs..."

-Certes non, sourit la jeune femme. J'ai fui l'autre côté de la mer, ses guerres et sa folie. C'était devenu un peu dangereux pour les errants de mon espèce. Les temps de danger ne sont pas faits pour les saltimbanques et les musiciens.

Elle secoua la tête d'un air un peu contrit.

-Et puis j'avoue m'être lassée de mes semblables. J'ai vu trop de morts pour supporter plus longtemps leur bêtise.

Madalenna poussa un long soupir et se laissa aller en arrière tandis Nébu poursuivait sa toilette sans trop prêter attention au démon et à ses sortilèges.
Elle balaya d'un revers de main le salbe accumulé sur la toile qui protégeait sa précieuse harpe, avec un soin jaloux qui soulignait l'attachement qu'elle portait à l'instrument, la seule chose qu'elle ait conservé de ses origines, son ancienne vie à l'ombre des arbres dans les bras de la montagne.

James se contentant d'un bref hochement de tête. Bien sur, les humains... Il avaient été ses proies, jusqu'a ce qu'ils aient les dents plus longues que lui. Au sens figuré bien entendu. Ce sorcière lui plait bien. Cela ne signifie pas qu'il renonce à la manipuler, mais simplement qu'il reporte ce délicieux projet à plus tard.

"Je comprend... Bien qu'il me soit arrivé de goûter la compagnie des humains."

De les goûter tout court en fait. Mais c'était terminé maintenant. Il n'était plus accro à l'hemoglobine. C'était de tout façon pas très sain comme aliment, avec tout ce qui trainait dedans... Enfin, c'était le passé ça, l'ivresse de la chasse et l'extase du sang... Desoirmais tout le monde devrait vivre en harmonie... Rien que d'y penser le démon sentait le sommeil l'envahir. Non, non et non. Un peu d'animation que diable! il était la pour ça.

Tandis que la jeune femme épousstait une sorte de toile, Dont la forme fit tiquer le musicien qui sommeillait en James. Observant un peu mieux la besace, il demanda:

"Vous transportez un instrument de musique?"

Madalenna sourit.

-Ma harpe, répondit-elle simplement.

Elle n'allait pas pousser la confidence -ou la folie- à lui avouer que c'était là la chose la plus précieuse qu'elle possédait. Ce pourrait être un moyen pour lui de la mener en bateau, ce qu'elle préférait grandement éviter.
D'un geste, elle ôta la toile qui recouvrait l'instrument et le cala sur ses genoux, le jour naissant faisant naître de longs reflets d'or sur le cadre ciré qui enflait en un courbe harmonieuse comme le ventre d'une femme enceinte.

Le vent fit frémir les cordes, qui murmurèrent soudain.
Une caresse de sa longue main tatouée les fit taire, puis une autre les fit chanter, libérant une poignée de notes chatoyantes dans l'air pur du matin.

James détailla l'instrument, admirant en connaisseur la courbe douce du cadre aux reflets chaud, la finesse heureuses des cordes, le luisant de l'ensemble. C'était un bel instrument, sans doute ancien et chargé de souvenirs. Sans doute son chant était il profond et riche... Lorsque la main tatouée de la sorcière effleura les cordes, le demon ferma les yeux, écoutant le son chatoyant de la harpe. La musique...

S'il y avait une chose qui lui avait fait garder son humanité, c'était cela... C'était le chant du violon dans la nuit, l'extase de jouer jusqu'a l'aube, d'être, pour de de temps, en communion avec le ciel et ses innombrables étoiles...

Des nuits bénies, ou il ne s'immergait pas dans la fange pour assouvir sa soif, des nuit ou il la sublimait en jouant sur les toîts. Son violon... Ils l'avait sans doute brûlé désormais. Sentant couler une larme, James détourna un instant la tête. Son seul regret... Quelques planches de bois vernie, un peu de corne et de métal, des boyaux de chats tendu... Sa faiblesse était dans cet instrument, et il avait disparu, en enportant un morceau de son âme, qui en saignait encore. Les gens sont si drôles parfois...

"Escusez moi."

-Il n'y a pas de mal, sourit Madalenna en s'appuyant tendrement contre le cadre de la harpe.

Elle posa sa jolie tête contre le bois et ferma les yeux, doucement, puis se mit à fredonner une chanson, comme une berceuse, un air doux et calme qui semblait pouvoir calmer toutes les peines du coeur.
Sa voix s'envola, portée par le vent qui ridait à peine la surface des eaux, virevoltant comme une poignée de papillons invisibles, courant sur les rives pour se mêler aux murmures des roseaux. Nébu s'envola, comme pour porter la chanson de la jeune barde lon au-dessus des arbres, vers les nuages et le ciel infini.

James s'essuya rageusement la joue. Il n'avait plus de coeur, il n'en avait jamais eu, il s'était désséché en lui même depuis longtemps... Ce violon, cela avait été une erreur... Une chaîne qui le rattachait à ses proies. Et il fallait que, maintenant qu'il avait brûlé, qu'il le regrette? Et puis quoi encore? Certainement pas. Jamais. Et portant...

Pourtant la douce mélodie de la sorcière blessait le démon, comme si elle attaquait la carapace depuis longtemps créée autour de son coeur, comme si elle le forçait à battre à nouveau... C'était insuportable, comme une brulure au creux de sa pointrine, pire que la douleur du pieu... Les yeux clos, les mains crispées, James Luttait, les crocs découverts dans un rictus douloureux. Plus la chanson se faisait douce et délicate, plus le démon souffrait... Lui, le musicien damné, souffrait des notes égrénées par une barde sorcière! Le halo noir revint, concentré et mouvant comme un mauvais orage autour du corps tendu de l'ancien vampire. Soudain, il explosa, les yeux injecté de sang et les crocs découverts:

"Arrêtez!"

Son corps s'affaissa, l'aura disparut, son regard se voila. Il paraissait brusquement vulnérable et seul, profondement triste et mélancolique. Un humain incompris, un vampire froid... Et maintenant, un démon lunatique? Il aurait préféré l'avoir tuée dès le départ, il n'en serait pas là... Mais il c'était trops tard désormais, le mal était fait. Tout cela à cause de la musique... Il s'était damné pour elle après tout...

Surprise, Madalenna se tut et le silence retomba comme un lourd couvercle sur un tombeau.
Elle se leva dans un bruissement de jupes et quelque grelots, puis fit quelques pas, partagée entre la compassion et la méfiance.

Comment aurait-elle pu savoir que sa musique aurait un tel impact sur lui? Il semblait si vulnérable à présent... Si fragile...

La jeune femme se figea et se flanqua une grande claque mentale.
C'était un démon. N'était-ce pas une ruse de sa part? Pouvait-il réellement être si touché par une simple mélodie qu'elle aurait fredonnée?
Elle resta un instant suspendue, hésitant sur la conduite à suivre. D'où lui venait tant de compassion soudaine? Sans doute était-ce une des rares fois où elle avait vu sa musique engendrer de telles réactions. D'ordinaire, Madalenna n'offrait qu'une suprême indifférence aux turpitudes humaines. Alors pourquoi, subitement, tant de pitié pour ce démon imprévisible?

Un seconde, et tout fut tranché.
Madalenna franchit presque en courant les quelques mètres qui les séparaient, comme une flamme légère courant sur l'herbe.
D'un geste délicat, elle lui releva le menton.
Dieux qu'elle était petite et frêle comparée à lui!

-Allons messire, ma musique vous a-t-elle tant touché?

Madalenna aimait jouer avec le feu. Et elle n'en redoutait pas les morsures.

James pleurait réellement désormais, les larmes ruisselant sur ses joues pâles comme un flot trops longtemps contenu, sans qu'il esquisse le moindre geste pour les essuyer. Ce n'était pas une délivrance, c'était la souffrance qui trempait le visage du démon, une souffrance de l'âme si forte qu'elle en attaquait son corps. La douleur du membre manquant. Son violon... Une plaie jamais vraiment cicatrisée qui venait d'être lacérée par la musique d'un sorcière barde, dans un archipel enchanté.

Son coeur desseché laissait couler un sang lourd et caillé, dernier vestige de sentiment qui engluait encore ses maléfismes, et qui le torturait sourdement. Il perçut tout de même l'approche de la jeune rousse, mais ne se défendit pas. A quoi bon? Elle avait bien vu l'état dans le quel il était. Les yeux vert baignés de larmes de James se fixèrent dans ceux de Madalenna. Après quelque secondes, il brisa ce contact, trops conscient de sa détresse. Essuyant ses joue du dos de ses mains, dans un geeste enfantin, il tenta de se ressaisir.

"J'en suis le premier surpris Miss... Cela me rappelle certaines nuits... J'ai possédé moi aussi un instrument."

Madalenna baissa les yeux, puis lui prit les mains et l'invita à s'asseoir prés d'elle, sur la grande cape étalée sur les galets. La harpe trônait toujours là, luisante de longs reflets d'or sous les rayons du soleil naissant.

-Et qu'est-il devenu? Demanda-elle doucement.

Elle rassembla les pans de toile autour de l'instrument, puis s'appuya contre le cadre, sa taille sineuse suivant la longue courbe du bois ciré.
Nébu vint se poser sur son épaule dans un bruissement délicat et observa les larmes du démon d'un oeil curieux.

James hésita un instant, puis suivit la jeune femme, s'asseyant à son tour sur la large cape. Le regard dans le vague, il revoyait le gigantesque incendie de sa demeure, la morsure des flammes, la vitre brisée dans sa fuite et la fraicheur de la Tamise sur ses brûlures.

Et surtout... L'étuis de bois et de velours noir, son délicat capitonnage de soie, dévoré par les flammes, tandis que le vernis du violon coulait comme des larmes... Il s'était blûlé les paumes pour le récupérer, mais il n'avait pu le tenir. Depuis, sa nature vampirque avait restaurée la peau de ses mains. Le seul souvenir de cette nuit était dans sa mémoire... Sans doute aurait t'il dû le prendre àvec lui, même s'il n'aurait plus jamais pû en jouer.

Le démon avait faillit mourir cette nuit là, et il avait sacrifié son âme pour se sauver, laissant ces rustre armés de pieu massacré le fragile instrument de bois. S'iml avait pû, il les aurait tous massacré jusqu'au dernier. Mais un seul une partie était tombé entre ses griffes... C'était pour cela quil était parti d'ailleurs...

"Il a brulé... Ils l'ont fait brûler."

Le brun serrait inconsciement les poing, le dos courbé comme lorsqu'il luttait contre le vent bouillant qui s'échappait de sa maison, gravant dans sa mémoire les visages de ses tortionnaires.

-C'est ignoble, murmura la jeune femme.

Un souvenir, fragile, comme une bulle de douleur, remonta à la surface.
Des flammes. Et une maison qui brûlait. L'incendit qui gagnait des arbres dont elle avait apprit à écouter la voix, et qui murmuraient sans cesse de nouvelles histoires.
La ruine, les rires, le feu, la douleur. Et le froid d'une nuit d'hiver qui se refermait sur la petite fugitive, enfant de neige et de mots, courant entre les arbres tandis que le vent séchait ses larmes d'un souffle glacé.

-Parfois les hommes n'ont aucune pitié pour ce qui nous est le plus précieux, poursuivit-elle dans un souffle, les yeux perdus dans le vague.

Elle passa une main sur le carde de la harpe, avec la même tendresse qu'une amante.

-J'ai eu pour ma part la chance de sauver ce qui m'était le plus cher.

James eut un étrange rire glacé, comme du verre qui se brise, sans aucune joie, plutôt une souffrance inexprimable. Les hommes oui... Il avait rencontré que peu de véritables "hommes" ceux qu'il voyait, c'était à peine des humains, qui se permettait de le traiter de monstre... Qu'étaient ils, eux? Des montres? Des chiens? Des larves pathétiques? Aussi pathétique que ceux qui avait voulut le voir brûler vif cette fois, et se repaitre de l'incendie comme des charognards, puant la peur et la haine.

Ce genre d'individus se retrouvaient hélas partout... Le démon sentait comme un battement sourd dans son ventre, le rappel d'un manque qu'il avait longtemps réussit à oublier, dans l'ivresse du sang. Il n'avait plus d'échappatoire maitenant... Ah moins que... Non... C'était sans doute impossible, il n'y avait pas de luthier dans ces lieux... Et si c'était le cas... Qui servirait un démon?

"Je... Je voudrais..."

Il s'interrompit. A quoi bon? A quoi bon exprimer ce désir enfantin de retrouver ce qui avait été perdu? Qui pourrait l'aider de toute façon? Qui comprendrais cette souffrance?

Madalenna ferma les yeux douloureusement. Un inhabituel élan de pitié dansa en elle lorsqu'elle entendit son rire et elle leva vers lui un regard interrogateur, plus pour le pousser à continuer que par réelle interrogation.

C'était étrange... Comme si quelque chose en elle qui était mort depuis longtemps -ou n'avait peut être même jamais vraiment vécu- venait de se réveiller à l'écho de cet éclat de rire où une immense douleur semblait transparaître.
De la pitié? Etrange, pour celle qui restait de glace envers ses semblables et ne vivait qu'au travers des mots.

*Je voudrais m'arracher le coeur... Non*

Le regard baissé, le démon réflechissait intensément.. Pouvait il réellement se montrer si vulnérable face à cette jeune femme? C'était déjà fait, dans un certain sens... Mais... Peut-être comprendrait elle? Ne portait elle pas un instrument, une harpe qu'elle avait carressé tantôt avec la main d'une amante? Le lien qui unissait un misicien avec son instrument ne devait pas lui être inconnu... Mais aiderait elle un démon? Rien de moins sûr...

Un léger soupir s'échappa des lèvres de James, tandis qu'il se passait brièvement une main sur les yeux. Le regard interrogateur de Madalenna le poussait à continuer, mais c'était comme si les mots se dérobait devant lui, comme des reflets sur l'eau vive. Son ton était amer lorsqu'il reprit enfin la parole.

"Aucun luthier n'accepterait cela..."

La jeune femme eut un regard malicieux.
C'était évident.

-Et pourquoi pas? Fit-elle avec un petit sourire.

Il devait bien y avoir un luthier, ici. Quelqu'un qui pourrait fabriquer un violon n'était tout de même si pas si dur à trouver.
Madalenna jeta un regard pensif au ciel inondé de lumière, et eut un autre de ses sourires espiègles.

-A quoi bon se déclarer perdu avant même d'avoir cherché?

Le Démon se secoua mentalement. Cette petite sorcière avait raison... Tant de peuples se croisaient en ces lieux, pourquoi ne pourrait il pas trouver quelqu'un qui ferait ce qui'il voulait? Avait il été si longtemps un vampire? Sans doute... Son âme avait gardé l'enpreinte de la mélancolie de cette race, cette propention à vouloir souffrir pour se sentir encore un peu humain. James devait se ressaisir. Il n'était plus un vampire, il devrait se débarraser de ces accès de spleen. Le brun prit une profonde inspiration et se releva vivement et se tint face à la jeune femme, bras croisés, presque souriant à nouveau.

"Vous avez sans doute raison. Il ne sert à rien de se morfondre ainsi."

Le regard envoutant du démon sintillait à nouveau, et sa tristesse était de nouveaux maîtrisée, enfermée à double tour dans son coeur, en attendant d'être sublimée en musique, par une nuit lumineuse ou un jour pluvieux... Qui sait?

Madalenna eut un rire cristallin et replia avec un soin infini les pans de tissu gris autour de son instrument.

-Et bien qu'attendons-nous messire?

Elle acheva d'envelopper sa harpe, et réveilla Nébu d'un coup d'épaule. Le corbeau poussa un glapissement indigné et lissa ses plumes d'un air boudeur.

La jeune femme reprit son instrument sur son dos et s'enveloppa de sa cape, rabattant la capuche sombre sur le nimbe rougeoyant de ses cheveux. Un petit sourire aux lèvres, elle s'approcha de lui.

-Nous verrons bien si quelqu'un ici peut vous offrir un autre violon.

James observa la jeune femme, qui avant toutes choses envellopa délicatement son instrument. Elle acceptait de l'aider alors... Les hommes son des créatures tellement fascinantes parfois... Son corbeau ne semblait pas particulièrement d'accord, mais il n'avait pas son mot à dire. Comment aurait il pu, d'ailleurs? La commissure des lèvres du démon tressahit légèrement à cette pensée.

Elle était toute proche maintenant, il aurat suffit d'un léger mouvement et... Non, il avait besoin d'elle, il y avait des choses qu'on ne pouvaient se permettre... Tant d'éducation l'étonnait, objectivement, de la part du démon qu'il était. Galament, James proposa son bras à Madalenna, avec tout le respect et le serieux qui convennait à une telle invitation.

"Nous y allons, Mylady?"

Chassez le naturel...

La jeune femme étouffa un nouvel éclat de rire et hocha gracieusement la tête en posant une main fine et tatouée sur le bras du démon. Déséquilibré par le geste, Nébu poussa un nouveau glapissement indigné et quitta son perchoir d'un cou pd'aile rageur, préférant de loin le précéder à quelque distance plutôt que subir les incessants remous de l'épaule de sa maîtresse.

Celle-ci fixa ses yeux pâles sur son compagnon. La pitié la poussait à offrir son aide à celui qui, quelques minutes plus tôt, semblait tout décidé à la tuer. Etrange, les turpitudes de l'esprit humain...

La main de la jeune femme ne pesait presque rien sur son bras. Le corbeau poussa une sorte de cri indigné et s'envola au dessus d'eux. La tentation était forte pour le démon de le rejoindre, mais il resta calme et civilisé... En tout cas en apparence.

Sentant les yeux pâles de la Madalenna sur lui, il tourna la tête et soutint son regard, un peu amusé. Sans doute se demander elle si c'était bien prudent d'accorder son aide à un démon... BAh, il avait été correct jusque là... Pourquoi pas un peu plus? Laissant derrière eux la plage et le soleil éclatant qui jouait sur l'eau, ils partirent vers les Halles, escortés par un corbeau bougon qui tournoyait au dessus d'eux.

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